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Ingres Jean Auguste Dominique

Pays : France

Style : néo-classicisme

Période : Néo-classique

Apprentissage 1791-1806


Le 29 août 1780, naît à Montauban Jean-Auguste-Dominique Ingres, fils de Jean-Marie-Joseph Ingres, peintre et sculpteur et d'Anne Moulet, fille d'un maître perruquier. Le couple a huit enfants. Ingres prend ses premières leçons de son père et copie les estampes qu'ils possèdent (environ 400) notamment, Raphaël, Titien, Corrège, Rubens, Téniers, Watteau et Boucher. Son père également musicien lui enseigne le violon. Le jeune homme est envoyé par sa famille à Toulouse, à l'Académie royale où il est confié d'abord au sculpteur Jean-Pierre Vigan, un ami de son père, qui lui apprend le dessin, puis à Guillaume-Joseph Roques, qui lui enseigne la peinture et qui devient le véritable maître d'Ingres. Le jeune homme reçoit également les leçons du peintre paysagiste Jean Briant, peut-être même de Suau, il étudie avec le violoniste Lejeune et devient deuxième violon dans l'orchestre du Capitole de Toulouse, le violon est la deuxième grande passion d'Ingres. En 1792, il est élève des écoles Toulousaines de dessin et de peinture. Le 30 mars, jour de la Fête de la Jeunesse, Ingres reçoit le prix de dessin de modèle vivant. Le 4 mai ses études à Toulouse sont achevées.

L'atelier de David



En arrivant à Paris, Ingres prend sans tarder un logement au 29 de la rue des Jeuneurs. Vers la fin de l'année 1797, grâce aux recommandations de Roques, il entre dans l'atelier le plus célèbre de la capitale, celui de Jacques-Louis David, il y reste au moins jusqu'en mars 1800, date à laquelle il se présente, pour la première fois, au concours du prix de Rome. Il est admis aux Beaux-arts en octobre 1797. Ingres est un élève très studieux et plutôt réservé, pour gagner un peu d'argent, le jeune homme recherche des commandes et exécute des planches de gravure notamment pour le Musée français. Dans l'atelier de David se trouve en permanence entre 40 et 60 élèves de toutes nationalités, le maître est à l'atelier trois jours par semaine pendant quelques heures. Ingres copie d'après les maîtres, étudie l'anatomie et la figure humaine. Pendant cette période il réalise ses premiers portraits peints, tout d'abord ses amis de Montauban, Jean Couderc ; Belvière-Foulon et Jean-François Gilibert, ce dernier qui est un véritable chef-d'oeuvre dont l'artiste est particulièrement fier et qu'il considère même trente ans plus tard comme son meilleur portrait, il peint aussi ses condisciples et ami d'atelier Pierre-François Bernier et le sculpteur Lorenzo Bartolini.

A la même période, il brosse l'émouvante effigie de son père venu en visite à Paris en 1804, puis exécute son autoportrait chef-d'oeuvre de virtuosité. Le peintre réalise ses premières commandes, dont le portrait de la Comtesse de La Rue et celui de Madame Aymon dite "La Belle Zélie". Ingres collabore avec David et peint certains accessoires du Portrait de Madame Récamier et aux Sabines, David lui demande par ailleurs de copier son Serment des Horaces. En 1803, il reçoit la commande d'un portrait en pied de Napoléon Bonaparte, Premier consul pour la commémoration de sa visite faite à Liège en août 1803, elle est envoyée à Liègeoù elle est très bien accueillie, Ingres brosse un second portrait de Napoléon : "Napoléon 1er sur le trône impérial".

En octobre 1800, Ingres remporte le second prix de peinture, avec son tableau : "Antiochus renvoie son fils à Scipion" ; L'artiste est désormais pensionnaire aspirant, qualité qu'il conserve jusqu'à son départ pour la ville éternelle en août 1806. En février 1801, Ingres remporte le concours de Torse (ou de la demi-figure peinte) de l'École de peinture et sculpture, il remporte une seconde fois ce concours, un an plus tard. Enfin en septembre 1801, âgé de 20 ans, le peintre remporte le grand prix de peinture avec son tableau représentant "Achille recevant les ambassadeurs d'Agamemnon". Le peintre diffère son départ, pour différentes raisons, ses fiançailles, des difficultés d'ordre financier et l'artiste doit terminer plusieurs tableaux. Il est contraint en 1806 de s'y rendre sans attendre devant l'agacement de l'administration des Beaux-Arts. Avant de partir, il laisse plusieurs de ses toiles pour le Salon de 1806, Napoléon 1er sur le trône impérial, son autoportrait à l'âge de 24 ans et deux portraits des Rivière (mère et fille).

Le séjour à Rome 1806-1824



En octobre 1806, Ingres arrive à la Villa Médicis, il bénéficie grâce au directeur de l'Académie Suvée d'un atelier pour lui seul retiré à San Gaetano, il y reste jusqu'en décembre 1810. Pendant cette période Ingres peint Femme assise vue de dos dite aussi "La Grande Baigneuse", chef-d'oeuvre du nu féminin qui passe inaperçu, cette sublime toile est un triomphe en 1855 lors de l'exposition Universelle. L'académie lui réclame des travaux obligatoires, qu'il envoie en France, Œdipe et le Sphinx (1808), Jupiter et Thétis (1811). Au Salon de Paris, ses tableaux sont très mal accueillis, notamment le Napoléon qui est jugé peu ressemblant et de facture étrange, l'artiste est blessé dans son amour-propre par ses critiques violentes.

Au mois de novembre, a lieu ouverture de l'exposition publique du Capitole à Rome ; Ingres est présent avec trois tableaux, Une Dormeuse et deux portraits. Pendant son séjour à la Villa le nouveau directeur Guillon-Léthière suite au décès de Suvée, devient le mentor du peintre, il le présente à des protecteurs illustres dont Lucien Bonaparte qui lui commande son portrait dessiné, les deux hommes s'entendent très bien et Ingres réalise plusieurs portraits de Léthière. Il se lie d'amitié avec deux autres artistes qui séjournent à leurs frais en Italie, le peintre François-Marius Granet et l'architecte François Mazois, il a peu de lien avec les autres pensionnaires sauf avec les peintres Jean-Pierre Granger et Joseph-Denis Odevaere. En décembre 1810, Ingres termine son pensionnat. Sa pension achevée, il décide de rester à Rome où il se marie en décembre 1813 avec Madeleine Chapelle.

En quittant la Villa Médicis, Ingres s'installe dans la tribune de l'église du couvent de la Trinité-des-Monts alors inoccupé. L'artiste est tout de suite occupé par des commandes impériales, des commandes de hauts fonctionnaires français et celles de riches étrangers de passage ans la ville Éternelle. Exécutant toujours des portraits pour l'alimentaire comme il dit, Ingres peint ceux de Madame Duvaucey (maîtresse de l'ambassadeur de France auprès du Vatican) ; Joseph-Antoine Moltedo et celui d'un de ses mécènes Charles Marcotte d'Argenteuil, tous plus beaux les uns que les autres. Pour Ingres la création est dans l'exécution de grandes compositions historiques.

A l'occasion de la visite de Napoléon 1er en Italie en 1812, Ingres reçoit la commande de deux oeuvres majeures, la décoration du plafond de la chambre de l'Empereur, Le Songe d'Ossian et Romulus, vainqueur d'Acron, porte les dépouilles opimes au temple de Jupiter. Il travaille pour le gouverneur de Rome, pour le général et comte Miollis et est proche de la famille royale de Naples les Murat pour lesquels Ingres réalisa plusieurs commandes, dont le portrait de la reine Caroline Murat (soeur de Napoléon 1er) mais aussi : "Le Cardinal Bibbiena offrant sa nièce en mariage à Raphaël".

En 1814, Napoléon abdique et Louis XVIII entre à Paris. Opportuniste, Ingres envoie cette année là au Salon de Paris quatre tableaux qui servent alors sa carrière : Don Pedro de Tolède baisant l'épée d'Henri IV, Le Pape Pie VII tenant chapelle ; Raphaël et la Fornarina et le Portrait de Marcotte. Il peint pour le comte de Blacas, un confident du roi, deux toiles de style troubadour : Henri IV recevant l'ambassadeur d'Espagne et La mort de Léonard de Vinci. Toujours pour s'attirer les faveurs du roi, il envoie au Salon de 1819 le tableau nommé, "Philippe V donnant l'ordre de la Toison d'or après la bataille d'Almanza" ; et Roger délivrant Angélique et il en profite pour présenter son chef-d'oeuvre du nu, La Grande Odalisque (commandée par Murat) Ingres à cette période connaît de grandes difficultés financières, les commandes ne suffisent pas pour vivre, la chute de la famille Murat ruine le peintre, certains de ses commanditaires ne lui payent plus ses tableaux lui rendent les oeuvres. Le peintre est aidé par Charles Marcotte, par ses amis les peintres Granet et Gérard, par le comte de Forbin, par son ami Charles Thévenin ancien directeur de la Villa Médicis et le comte Blacas, ambassadeur de Rome qui lui obtiennent une commande pour décorer l'église de la Trinité-des-Monts, Jésus-Christ remet à Saint-Pierre les clefs du Paradis.

Florence



Dans la seconde quinzaine d'août 1820, Ingres et son épouse voyage à Florence sur l'invitation de son ami Bartolini. La situation est devenue difficile à Rome en raison du départ de ses commanditaires français chassés par le retour d'un gouvernement exclusivement italien. Le couple loge quelques temps chez Bartolini, puis s'installe Via della Colona. Ingres obtient une commande publique importante : "Le Voeu de Louis XIII", pour la cathédrale de Montauban. Il peint plusieurs portraits dont celui du Comte Nicolas Dmitrievitch Gouriev. Ces efforts pour revenir en grâce auprès du pouvoir royal portent leurs fruits. Au Salon de 1822, Ingres envoie L'entrée du dauphin, futur Charles V à Paris, où est représenté un des plus puissants protecteurs d'Ingres, le marquis de Pastoret. En reconnaissance, le peintre est nommé correspondant de l'Académie des beaux-arts le 27 décembre 1825 et suprême honneur, il est invité au sacre de Charles X le 29 juin 1825.


Période parisienne 1824-1834



Au mois d'août 1824 le Salon ouvre ses portes au Musée royal des arts, Ingres est présent avec huit tableaux. L'artiste revient à Paris en novembre 1824 ; suite à un discret complot des cercles d'influence de l'art parisien, défenseurs du classicisme, Ingres apparaît alors comme le sauveur de la tradition qui renouvelle l'art sans le détruire ce qui l'oppose aux jeunes romantiques. Il expose au Salon quelques sujets troubadours dont Henri IV recevant l'ambassadeur d'Espagne ; François 1er recevant les derniers soupirs de Léonard de Vinci, plusieurs portraits et le Voeu de Louis XIII, l'exposition sera un triomphe. Les commandes officielles se succèdent, un décor pour l'église Saint-Sulpice, un tableau pour la maison du roi : L'apothéose d'Homère et un décor pour la cathédrale d'Autun. Ingres est décoré de la Légion d'Honneur par le roi, Charles X.

A la mort du peintre Girodet, Ingres propose sa candidature pour l'Académie royale des beaux-Arts, ce fut son ami Thévenin qui fut élu. L'occasion se représente à la mort de Dominique Vinant-Denon, en juin de la même année, Ingres se représente et est élu le 25 juin 1825. En novembre 1826, a lieu l'inauguration du tableau Le Vœu de Louis XIII à la cathédrale de Montauban, Ingres a l'occasion de revoir sa famille. Les honneurs se succèdent en 1827 il est nommé membre du Conseil honoraire des musées, fonction qui lui permet de faire partie du jury d'admission et de placement au Salon. En décembre 1829, l'artiste est élu professeur de peinture aux Beaux-Arts en remplacement de Jean-Baptiste Regnault décédé. En janvier 1831, il est élu membre de la commission des beaux-arts et de l'Académie de France. En 1834, Ingres présente au Salon sa grande composition historique sur laquelle l'artiste a travaillé pendant près d'une dizaine d'année, multipliant les études au crayon et à l'huile ; l’œuvre nommée "Le Martyre de saint Symphorien" est alors incomprise et fortement critiquée. Ingres propose sa candidature au poste de directeur de l'Académie de France à Rome et est élu par le roi en juillet 1834 en remplacement d'Horace Vernet.


Directeur de l'Académie de France 1834-1841



Ingres part avec sa femme fin novembre 1834 pour Rome, l'artiste est âgé de 54 ans, pendant son directorat de 1835 à 1841, Ingres dirige très activement la Villa Médicis, transforme bâtiments et jardins, crée un cours d'archéologie, une bibliothèque, reçoit d'illustres visiteurs : Thiers, Viollet-le-Duc, Gounod, Liszt, Lacordaire, Sainte-Beuve...À Rome, il peint la célèbre Odalisque à l'esclave (1840), Antiochus et Stratonice (1840) et laisse à son successeur une Villa Médicis prospère. Ingres produit moins, il peint et dessine seulement ses amis et ses intimes, notamment les musiciens : Liszt, Gounod, Paganini, il réalise un très bel autoportrait, peint son épouse. Pendant son directorat, il n'achève que deux tableaux. L'Odalisque à l'esclave et Antiochus et Stratonice.

L’Âge d'or 1841-1867



De retour en mai 1841 en France Ingres est fêté comme un véritable héros, mais se souvenant de l'accueil fait en 1834 à son tableau Martyre de saint Symphorien, renonce à présenter ses ouvrages au Salon. Ses admirateurs lui offrent un banquet de 426 couverts, présidé par le marquis de Pastoret, Berlioz compose le programme d'un concert. Louis-Philippe l'invite à visiter Versailles et le retient à dîner au château de Neuilly et, pour lui, on joue de la musique de Gluck. En 1845, Ingres est nommé commandeur de la Légion d'honneur. L'artiste exécute encore quelques portraits éblouissants : la comtesse d'Haussonville (1845) ; la baronne James de Rothschild (1848), la princesse de Broglie (1853), Mme Moitessier assise (1856). En juillet 1849, c'est la mort de Madeleine, son épouse. Ingres en est désespéré, il voyage et fait un premier don à la ville de Montauban. Pendant son séjour à Rome, le duc de Luynes l'avait sollicité pour exécuter un ambitieux décor pour son château de Dampierre, une immense peinture murale de 6m60 de large sur 4m80 de haut L'Âge d'or et son pendant L'Âge de fer devaient être le manifeste esthétique, testament professionnel d'Ingres. Ingres a accumulé une centaine de dessins avant de s'attaquer au décor, l'oeuvre inspirée par les Chambres de Raphaël au Vatican, met en scène les deux âges de l'humanité depuis Hésiode. L'âge d'or ne sera jamais achevé, la Révolution de 1848 et la mort de Madeleine lui font abandonner définitivement le chantier.

En 1852, Ingres se remarie avec Delphine Ramel, une parente de son ami Marcotte (elle a 43 ans, lui 72 ans). Ils s'installent 49, rue de Lille, à Paris (7e) et, chaque été, à Meung-sur-Loire dans le Loiret. En février 1854, Napoléon III et Eugénie viennent voir, dans son atelier, L'apothéose de Napoléon Ier, qui lui avait été commandée pour le salon de l'Empereur à l'Hôtel-de-Ville de Paris (détruite en 1871). Lors de l'exposition universelle de 1855, à Paris, une première rétrospective de l’œuvre de Jean Dominique Ingres est présentée. Napoléon III le nomme grand officier de la Légion d'honneur. Ingres continue de travailler et a son atelier dans la cour du 17, quai Voltaire, il y peint La Vierge et l'hostie (1854), Jeanne d'Arc au sacre du roi Charles VII, à Reims (1851-1854), La Source (1820-1856) et il achève le Bain turc (1859-1862). Le 8 janvier 1867, il fait un dessin du « Christ au tombeau » de Giotto, réunit à dîner quelques amis et donne une soirée musicale. Mais l'artiste prend froid en reconduisant ses invités et meurt le 14 janvier 1867, à 86 ans, à son domicile, 11, quai Voltaire. Ingres est inhumé au cimetière du Père Lachaise.



Première édition le: 20 mars 2010 Par : Sarah
Mise à jour le: 03 février 2012 Par : Sarah


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