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Valadon Suzanne
Montmartre
Suzanne Valadon de son vrai prénom, Marie-Clémentine, de père inconnu, naît dans le Limousin à Bessines-sur-Gartempe en 1865, sa mère Madeleine Valadon, lingère, s'établit à Montmartre l'année des cinq ans de Marie, elle place sa fille dans une institution religieuse, elle est turbulente et s'échappe pour aller dessiner à la craie avec des morceaux de charbon de bois sur les trottoirs et sur les murs. Elle s'enfuit de l'institution dès l'adolescence pour travailler comme apprentie couturière dans une maison de haute couture, elle orne des chapeaux de plumes, de fleurs et d'oiseaux et brode des coiffes, elle exerce d'autres petits métiers, vendeuse de légumes aux halles, serveuse. Mais instable et audacieuse, elle préfère se lancer à la découverte de la vie animée de l'époque, elle rencontre le comte Antoine de la Rochefoucault et Théo Wagner, qui lui font découvrir le Cirque Mollier à côté de chez elle, en effet Suzanne rêve de devenir trapéziste, le cirque est fréquenté par des amateurs, des comédiens et des bourgeois, Wagner s'y exerce à l'équitation et Suzanne au trapèze. Malheureusement une mauvaise chute la blesse et la jeune fille abandonne son rêve et trouve une autre voie.
La muse de Montmartre
Devenu une belle jeune fille elle devient modèle et débute dans l'atelier de Puvis de Chavannes, dont elle devient la muse pendant sept années, Maria (son surnom pour les peintres) pose notamment pour les figures du Bois Sacré cher aux Arts et aux Muses, entre 1880 et 1887, commande pour le Palais des Arts à Lyon et accessoirement aussi la maîtresse du maître, malgré leur quarante ans de différence. Puvis la dirige vers Renoir, qui cherche un modèle pour ses panneaux, Danse à la ville et Danse à la campagne.
Puis Toulouse-Lautrec pour la toile, Le Cirque, elle est la maîtresse du peintre pendant environ deux ans, elle pose pour de nombreuses toiles. Lautrec lui donne l'idée de son futur prénom Suzanne et c'est également lui qui découvre ses talents de dessinatrice et la présente à Edgar Degas qui devient son soutien jusqu'à la fin de sa vie et au sculpteur Bartholomé pour lequel Suzanne posa, la jeune femme est le modèle des plus grands peintres de l'époque, Forain, Steinlen, Giuseppe de Nittis, de Henner, etc. Sa vocation naît à force de regarder peintre, elle apprend leurs techniques, leurs gestes, un apprentissage sur le tas en quelque sorte, Lautrec découvre ses dessins et est enthousiasmé, il en parle à Edgar Degas, maître connu pour être impitoyable et sans concessions, il est admiratif et l'encourage à peindre et à exposer.
Maurice Utrillo
A 18 ans, le 26 décembre 1883, la jeune femme accouche d'un garçon, prénommé Maurice (le futur peintre Utrillo), qui n'est pas reconnu par son père, elle le place chez sa mère et le délaisse peu à peu, l'enfant de santé fragile, souffre de l'absence de sa mère et devient autodestructeur. Suzanne brosse son autoportrait au pastel, sa première oeuvre connue, puis celui de sa mère. Soutenue et encouragée par Degas, elle réalise de nombreux dessins, à la mine de plomb, au fusain et à la sanguine, de 1883 à 1893.
En 1893, elle débute dans la peinture et peint ses premiers modèles, son fils et sa mère, sa nièce, etc. Elle a une brève liaison (6mois) avec le pianiste Erik Satie dont elle peint le portrait et qui lui envoie 300 lettres d'amour, elle brosse par ailleurs un portrait peint du musicien et produit plusieurs portraits dont, un Portrait de petite fille, de Bernard Lemaire, Conte à l'enfant, Jeune fille faisant du crochet. Puis elle sera l'amante d'un catalan émigré à Paris, Miguel Utrillo y Molins, journaliste et peintre, qui reconnaît son fils Maurice et dont elle peint le portrait. En 1896, elle épouse finalement Paul Moussis, un ami de Satie, riche agent de change, le couple s'installe à Montmartre, rue Cortot. Suzanne inscrit son fils dans une école privée à Pierrefitte et y loue une maison ou l'enfant habite avec sa grand-mère. De 1894 à 1896, Suzanne travaille beaucoup, elle exécute une série de nus debout, assis, allongé accroupi.
Première exposition
En 1894, elle expose au Salon de la Nationale, malgré l'avis contraire de Puvis de Chavannes, elle sera épaulé par le sculpteur Bartholomé qui écrit à Paul Helleu président du Salon. Suzanne est admise avec trois études d'enfants, La Toilette du petit fils ; Grand-mère et son petit-fils. Degas sera le premier à lui acheter des dessins, il présente la jeune artiste à des collectionneurs, au marchand de Lautrec, Le Barc de Bouteville, à Sérusier, Émile Bernard, Pissarro, Cézanne, Gauguin, au marchand Durand-Ruel, à Vollard, etc. Degas l'initie à la technique du vernis mou et dès l'année 1895, le marchand Ambroise Vollard, publie ses premières estampes dans Le Rêve et L'idée et dans l'Album des Peintres Graveurs, elle se met également à la pointe sèche, puis à l'eau-forte (en 1904).
Utrillo,Utter,Suzanne,le trio infernal
En 1904, son fils connaît des ennuis, enfant puis adolescent malheureux et délaissé, il est devenu violent, bagarreur et rudoie même sa grand-mère qui a peur de lui, Utrillo est interné en janvier 1904, à Saint-Anne à Paris, il n'a alors que 21 ans. Utrillo fait la rencontre d'André Utter, ancien élève des Beaux-Arts, qui devient son ami. Utter rencontre Suzanne et l'artiste en tombe immédiatement amoureuse, il a vingt ans de moins qu'elle, peu importe pour elle. Elle l'invite à poser nu pour elle pour un Adam et Ève, et ils deviennent amant au désespoir d'Utrillo. Suzanne divorce de Paul Moussis en 1911 et s'installe avec Utter et son fils pour quelques mois impasse Guelma. La cohabitation est difficile Utrillo est choqué et jaloux et mène la vie dure au couple, il continue à boire de plus belle rentrant souvent ivre. Ce qui n'empêche pas Utrillo de devenir un admirable peintre et de produire des chef-d'oeuvre qui font vivre le trio. Suzanne peint une série de portraits collectifs, Grand-mère et petit-fils. Puis elle s'installe avec Utter dans l'ancien atelier d'Émile Bernard rue Cortot.
Cette année là se déroule la première exposition individuelle de Suzanne Valadon chez Clovis Sagot. Elle expose ses toiles La joie de vivre et La coiffure au Salon d'Automne et aux Indépendants Grand-mère et petit-fils, cette même année, son fils est découvert par Francis Jourdain et Octave Mirbeau. Elle participe l'année suivante à une exposition de groupe à Munich. En 1914, Suzanne épouse André Utter qui part à la guerre. Elle expose sa grande composition Le Lancement de filet au Salon des Indépendants. En 1915, sa mère Madeleine décède.
La notoriété
À partir de 1918, Suzanne peint de nombreuses toiles, notamment des portraits, des nus, des natures mortes. Utrillo qui passe de crise de délirium au désespoir s'échappe de l'asile de Villejuif et va faire la fête avec son ami Modigliani en pyjama. Ses oeuvres sont vendues aux enchères pour la première fois en 1920 et elle devient sociétaire du Salon d'Automne, où elle expose depuis 1909. Elle expose également chez Berthe Weil et John Lévy en 1921 et obtient un contrat avec la galerie Berheim-Jeune. De nombreuses expositions lui sont consacrées et une monographie est publiée par Robert Rey en 1922. En 1923, grâce à l'argent des tableaux de Maurice Utrillo, André Utter achète le château Saint-Bernard, dans le Beaujolais au bord de la Saône où Suzanne réalise de nombreux paysages.
En 1926, Suzanne Valadon emménage avenue Junot. À partir de 1928, le succès de Suzanne est international et elle participe à des expositions de groupe à l'étranger. En 1932, une exposition rétrospective lui est consacrée à la galerie Georges Petit. En 1933, elle est invitée par Marie-Anne Camax-Zoegger, à rejoindre le groupe des Femmes Artistes Modernes avec lequel elle exposera jusqu'à sa mort.
La déchéance
En 1935, Suzanne Valadon, malade, est hospitalisée, elle s'inquiète pour l'avenir de son fils, elle le pousse dans les bras d'une de ses amis, Lucie Valore, peintre amateur et ancienne actrice de théâtre. Son fils se marie en mai 1935, il a alors 52 ans, le couple loge dans une villa du Vésinet. En 1937, le musée du Luxembourg achète plusieurs de ses oeuvres. Suzanne est seule avec ses chiens, dans la déchéance la plus totale, ne vivant que la nuit et trainant avec des clochards. Le 7 avril 1938, Suzanne Valadon meurt soudainement à l'âge de 73 ans d'une hémorragie cérébrale, son fils effondré n'assiste pas aux obsèques.
Première édition le: 02 février 2010 Par : Sarah
Mise à jour le: 29 janvier 2012 Par : Sarah
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Nu
Autoportrait
La toilette
Après le bain
Nature morte au bouquet, (Bouquet d'œillets à la draperie)
Adam et Ève
Portrait d'Erik Satie
Miquel Utrillo fumant sa pipe
Jeune fille sur le canapé
Marie Cola et sa fille Gilberte
Les jardins de la rue Cortot à Montmartre