gavarni
Gavarni Paul
Enfance
La famille de Paul Gavarni est originaire de Bourgogne, entre Auxerre et Joigny, ces ancêtres étaient tonneliers-vignerons. Son père Sulpice Chevallier, est un ancien capitaine de la garde nationale de son quartier, sa mère, Marie-Monique Thiémet est la soeur de Guillaume Thiémet, peintre et acteur genre bouffon, doublé d'un caricaturiste, il fait d'ailleurs graver une série drolatique intitulée, Les moines gourmands, il est également le parrain de Gavarni.
A 12 ans, ses parents n'étant pas riches, lui cherchent un enseignement professionnel, Paul Gavarni devient commis chez un architecte nommé Dutillard qui habite rue des Fosses-du-temple et qui lui apprend les principes graphiques de son métier, chez lui Gavarni griffonne, il passe le plus clair de son temps dehors, à se promener, il en sort à 13 ans, pour entrer chez Jecker, un fabricant d'instruments de précision. Puis Gavarni fait un court séjour dans une petite pension, l'institution Butet, rue de Clichy, ou le jeune homme apprend un peu le calcul intégral. Dès l'âge de 17 ans, il entre à l'école du Conservatoire des Arts et Métiers et passe dans l'atelier de Leblanc où il étudie le dessin des machines, c'est la géométrie qui lui donne le gout du dessin et la passion des mathématiques.
Pour gagner un peu d'argent, Paul Gavarni, dès l'année 1822, il dessine des sépias, des croquis de petits bonshommes et les vends peu cher à une vieille marchande du quartier. C'est elle qui le présente, à un petit éditeur, Blaisot, qui lui commande pour les étrennes de 1825, ce qu'on appelle alors un dépliant (longue bande de papier pliée en zigzag dans un cartonnage léger) il a un petit succès de vente.
Pyrénées
Cette même année, en 1825, Paul Gavarni entre chez le graveur, Adam, qui lui propose d'aller graver le pont de Bordeaux. L'artiste accepte la mission et les 1200 Francs d'appointements par an et part pour Bordeaux. Arrivé sur place, sans ressources, Gavarni a du mal à se plier au travail du bureau qui était très fastidieux, de plus, il trouve son chef désagréable et au mois de novembre, après une énième querelle, il donne sa démission.
Gavarni décide de partir à l'aventure dans les Pyrénées et arrive à Tarbes sans argent, il lui reste 42 sous, il se retrouve bientôt dans une situation précaire, il est alors accueilli par M. Leleu, géomètre en chef du cadastre, celui-ci lui procure le logement et la table, Leleu est un homme bienveillant et apprécie le talent de Gavarni, ils deviennent vite amis. Durant cette période (3 ans), Paul Gavarni dessine énormément de petits dessins pour lui, parcourt les montagnes et visite un jour le cirque de Gavarnie, qui reste dans sa mémoire.
Gavarni reçoit une commande de Paris, un vieil amateur, un peu éditeur et un peu artiste, nommé, La Mésangère, qui a vu chez Blaisot, les premières lithographies du jeune Chevallier, il lui commande 100 dessins payés 35 francs pièce. Mais après trois dizaines de lithographies, l'éditeur ne les jugent pas bonnes et suspend la commande qui n'est jamais achevée.
Retour à Paris
Au mois de juin 1828, Gavarni rentre à Paris, dès son retour il publie un recueil de costumes des Pyrénées, colorié par lui et chez Rither, une courte série, intitulée, Les cris de Paris. Vers le milieu de 1829, un de ses camarades le met en relation avec Susse, un marchand, qui lui prend ses dessins et lui fait remarquer qu'ils ne sont pas signés et que pour les vendre il faut un nom, il pense à ses montagnes et en souvenir d'elles, choisi le nom qui fait sa gloire, "Gavarni".
Il entre au journal La Mode en 1830, il y rencontre des écrivains, entre autre Eugène Sue et Honoré de Balzac. Pendant deux années, il dessine des centaines de planches pour les couturiers, les costumiers et les gens de théâtre, puis il collabore au journal l'Artiste le journal des écrivains et des lithographes, Balzac lui demande d'illustrer son roman, La peau de chagrin. Gavarni fait également connaissance de la famille Feydeau, de la Duchesse d'Abrantès et de M. de Mortemart.
En 1832, Gavarni travaille pour la revue Le musée des familles, l'Artiste, la Caricature et publie un recueil de lithographies, "Les Travestissements et Les Physionomies de la population de Paris", qui connaissent un grand succès auprès du public, la presse en parle, Balzac écrit même un article élogieux dans lequel, il reconnait en Gavarni et ses Physionomies, un rival, un vrai chroniqueur de la vie sociale et de la comédie humaine.
Paul Gavarni commence alors à croquer des scènes de genres dont, Une loge à l'opéra, il réalise également la série Portraits d'enfants en 1832 et 1833 pour ses amis Feydeau et l'imprimeur Gihaut. Gavarni s'essaie également à la littérature, il écrit des vers, des nouvelles, il lit en public chez la duchesse d'Abrantès, sa création, une nouvelle fantastique, nommé Madame Acker, il publie plus tard, une ravissante plaquette qui est illustrée par Tony Johannot et imprimée en 1869 dans le volume, "Manières de voir et façons de penser".
Son journal et la prison de Clichy
En décembre 1833, Gavarni emprunte 25 000 francs, pour créer son propre journal, "Le Journal des Gens du Monde", le premier numéro parait le 6 décembre 1833, il est imprimé avec luxe, sur du papier d'une grande qualité et distribué à domicile. Malgré la collaboration, de Charlet, des frères Johannot de Dumas et de Vigny, la publication est arrêtée fin juillet 1834, c'est le commencement pour lui à 30 ans, d'une existence de tireur de diable par la queue, Gavarni vis au jour le jour, demande un répit aux huissiers, rien ni fait, il lutte quelques mois et en mars 1835, Paul Gavarni fut mis à la prison pour dettes de Clichy. Il y trouve l'inspiration pour plusieurs de ses oeuvres, une vingtaine de planches.A sa sortie de prison, toujours aussi démuni, ses créanciers, eux sont toujours là, en mars 1836, a lieu la saisie et la vente aux enchères de ses meubles, Gavarni décide alors de disparaitre de la circulation, il est hébergé par des amis à Saint-Ouen en banlieue parisienne.
Charivari
En 1837, Gavarni, loue un grand appartement, rue de la Fontaine Saint-Georges, Philippon (propriétaire du journal le charivari), vient le voir pour lui proposer de continuer la série des Robert Macaire que Daumier a rendus célèbre. Gavarni refuse et propose des séries sur la ruse féminine, "Les fourberies des femmes en matière de sentiments", "La boite aux lettres" et "Leçons et conseils". Le succès est complet, dès lors il est installé au Charivari et y commence la longue collaboration qui dura 10 ans.
Des centaines de lithographies sortiront, Gavarni y fit des dessins hardis, il y créa la comédie de moeurs au crayon, et choisit à la perfection les répliques qui renforcèrent son dessin. L'artiste publie, sur un thème qu'il aime particulièrement le bal masqué, et en fera plusieurs séries dont : Le Carnaval (1838); Les Débardeurs (1840); Le carnaval à Paris (1841) en tout 200 pièces.
En 1839, c'est la publication de la série Les étudiants dont la réussite fut prodigieuse, dès le matin les gens s'arrachaient aux tables des cafés, les numéros du Charivari et chez Martinet, des groupes de curieux stationnaient devant son magasin pour voir la dernière lithographie.
Cette même année, un de ses amis, nommé Peynel, est accusé d'avoir tué sa femme, il est traduit devant la cour d'assises, de la ville de Bourg. Gavarni remue ciel et terre pour aider son ami, il part à Bourg avec Balzac, essaie un recours en grâce auprès du roi ou une commutation de peine, Louis-Philippe refuse, Peynel est condamné à mort. Succès aussi pour la fameuse série des Lorettes (nom qu'il donne aux femmes élégantes et légères qui logent derrière l'église Notre dame de Lorette) dont il fait 79 planches de 1841 à 1843.
En 1841, à 37 ans Gavarni illustre les volumes "Les Français peints par eux mêmes" publié par L. Curmer, il illustre, Le Juif errant d'Eugène Sue son ami, les petites physiologies, Le Diable à Paris. Il réalise également des affiches publicitaires, profitant des palissades parisiennes qui sont nombreuses, pour protéger les travaux du baron Haussmann.
En décembre 1844, Gavarni, épouse Jeanne de Bonabry, une musicienne renommée, il a deux fils, Pierre et Jean, son mariage n'est pas heureux, leur vie commune ne dure que trois ans. Les Gavarni logent, rue de la Fontaine, l'appartement devenu trop étroit pour loger toute la famille, ils déménagent en 1847 dans une maison avec un grand jardin (qui devient sa passion et mange toutes ses économies).
Londres (1847 à 1851)
En décembre 1847, Gavarni décide de partir pour l'Angleterre seul, dans l'intention de prendre pour sujet de dessin, la haute société et la Cour, il n'en fait rien, il refuse même de dessiner le prince et la reine. Gavarniest saisi dès son arrivée par l'originalité, la nouveauté des types anglais rencontrés dans les rues et les lieux publics, il loge à côté du quartier pauvre de Saint-Gilles, il est choqué par le contraste violent entre la misère et la bourgeoisie.
Paul Gavarni assiste à des combats de boxe, il réalise des croquis de mendiants, des gens du port, des habitués des tavernes, ceux-ci sont publiés dans l'Illustrated London news, le Puppet show et dans l'Illustration (1847). Ses lithographies très brutales et dures déplaisent aux anglais. En 1849, l'artiste entreprend un voyage en Écosse et aux Iles Hébrides, avec le peintre Bouquet, il y fait des lithographies appelées, Les scotch girls et surtout L'Highland piper (le joueur de cornemuse). L'artiste est déprimé, las et ressens une forme de dédain pour son art, il va alors revenir à ses premiers amours les mathématiques et s'y adonner fiévreusement. Il publie chez Jules Hetzel, La vie de jeune homme et les Débardeurs (1848).
Auteuil
Gavarni revient à Auteuil en 1851, il entreprend,(sur une proposition du comte de Villedeuil) de faire paraître chaque jour une lithographie dans le journal Paris, la première parution a lieu le 20 octobre 1852, pendant une année, jour après jour, Gavarni donne au journal ses meilleures lithographies, les plus creusées. Il publie en tout 280 planches, elles sont réunies plus tard et publiées sous le titre "Masques et visages". Gavarni crée un personnage Thomas Vireloque, un loqueteux cynique et philosophe. L'artiste est un travailleur acharné, il illustre des livres, Gulliver, Gil Blés, plusieurs romans pour Balzac, les contes d'Hoffmann et crée 150 aquarelles pour la collection Hetzel, il en réalise quatre ou cinq par jour que l'éditeur lui achète 50 francs pièce. En 1857, Gavarni ajoute 100 nouvelles lithographies aux Masques et Visages en deux séries : Par-ci, par là, Physionomies parisiennes.
Il est décoré en 1852, sur la proposition de M. de Newerkerque et la proclamation de son nom dans la séance solennelle du Louvre, est saluée par une salve d'applaudissements. C'est enfin la reconnaissance officielle du genre créé par lui. Malgré tous ses honneurs, sa vie devient de plus en plus difficile, de plus il perd son fils Jean. En 1859, Gavarni revient avec le recueil de lithographies, d'après Nature, quatre dizains pour lesquels J. Janin, les Goncourt et P.de. Saint-Victor écrivent quelques pages de texte : c'est la fin, non pas de ses travaux, mais de son oeuvre et comme son adieu au public.
En 1863, Paul Gavarni est âgé de 59 ans, il est exproprié de sa maison d'Auteuil c'est la mort dans l'âme que l'artiste s'installe dans un petit hôtel, avenue de l'Impératrice (aujourd'hui avenue Foch), l'artiste abandonne alors le dessin et les arts en général et se consacre exclusivement aux mathématiques (il travaille à un procédé pour diriger les ballons), il ne sort plus, il peut rester huit mois sans sortir, n'ouvre plus ses fenêtres et de plus, sa santé est mauvaise, il souffre d'asthme qui le fatigue énormément. En 1866, Gavarni emménage définitivement Villa-de-la-Réunion, en novembre, il a un malaise qui le force à rester alité, son fils Pierre vient le voir juste avant qu'il ne s'éteigne dans une crise d'étouffement le 24 novembre 1866 à 62 ans, Gavarni est enterré au cimetière d'Auteuil.
Ce dandy parisien, élégant, qui de son temps est l'homme le mieux habillé de Paris, nous laisse une oeuvre impressionnante, environ 8000 pièces Paul Gavarni sera dessinateur, lithographe, aquarelliste et travailla avec pratiquement toutes les revues illustrées de son époque.
Première édition le: 09 juin 2010 Par : Sarah
Mise à jour le: 10 février 2012 Par : Sarah
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